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1940. Et si on avait arrêté Pétain?

Il y a soixante-dix ans, écartant toute idée d’armistice, le gouvernement français aurait pu, depuis l'”empire”, poursuivre la lutte contre l’Allemagne. Une équipe dirigée par Jacques Sapir, Frank Stora et Loïc Mahé a imaginé cet étonnant scénario.
Et si Cortès avait été vaincu par les Indiens ? Et si Napoléon avait perdu à Austerlitz ? Les historiens anglo-saxons raffolent de ces exercices de simulation rétrospective appelés uchronies. Leurs collègues français commencent à s’y adonner, à l’instar de cette équipe internationale de chercheurs et d’étudiants dirigés par Jacques Sapir, économiste de formation et directeur d’études à l’EHESS ; Frank Stora, spécialiste des jeux de simulation, et Loïc Mahé, ingénieur informaticien, coauteurs de 1940. Et si la France avait continué la guerre…, un récit maîtrisé et plein de suspense, un exercice intellectuel stimulant ponctué de traits d’humour.
Futilité ? Non, il n’y a pas de jeu plus sérieux. “Cet exercice a avant tout pour but de préciser les responsabilités historiques de la classe politique française”, souligne Jacques Sapir. La méthode ? Elle s’appuie sur une “enveloppe des possibles”, série d’hypothèses tenant compte des contraintes matérielles et techniques, de la psychologie des dirigeants, des procédures de décision selon la nature du régime… Le scénario ? Il n’a rien de farfelu. L’hypothèse d’une poursuite de la guerre depuis l’Afrique du Nord a été envisagée par les principaux acteurs de l’époque, le général de Gaulle et Winston Churchill, rappelle dans la préface Laurent Henninger, chargé d’études à l’Institut d’études stratégiques de l’Ecole militaire.
Les travaux les plus récents des historiens autorisent un réexamen de cette période, souligne Jean-Pierre Azéma dans une interview à L’Express. Et pourquoi pas, donc, cet exercice d’histoire alternative ? Encore faut-il impérativement choisir un cadre réaliste. Le problème, ici, était de rendre crédible l’hypothèse qui l’était le moins : la volonté de résister des élites politiques. Les auteurs ont trouvé la solution : un Conseil des ministres dramatique, dans la soirée du 12 juin 1940…

A lire pour revisiter l’Histoire

Le meilleur récit est 1940, l’année noire (Fayard). Du défilé du 14 Juillet 1939 à la gloire des tommys et des tirailleurs sénégalais aux balbutiements de la Résistance, de la bataille des Flandres à celle d’Angleterre, des beaux jours de la “révolution nationale” aux classes londoniennes du chef de la France libre, Jean-Pierre Azéma n’a pas son pareil pour délivrer, en 34 chapitres, un récit délié et vivant.
Les analyses les plus pointues sont dans le n° 352 de la revue L’Histoire : “France 1940. Autopsie d’une défaite”. Au sommaire, entre autres articles, “La défaite était-elle inéluctable”, par Olivier Wieviorka ; “Le Blitzkrieg est-il un mythe ?”, par Laurent Henninger, “Vichy a gagné la mémoire de la guerre”, par Robert O. Paxton, etc.
L’ouvrage le plus novateur est l’Atlas historique de la France pendant la Seconde Guerre mondiale (Fayard/Ministère de la Défense), du Centre de recherche d’histoire quantitative de l’université de Caen. En près de 250 cartes et autant de graphiques, le lecteur sait tout de l’organisation régionale de la Milice, des manifestations de ménagères contre la vie chère, des structures de la Résistance et des ventes de plaques de vélos…
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Inserito su www.storiainrete.com il 10 maggio 2010
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